1. LES DEBUTS DE LA FABRIQUE (1798 - 1835)
2. LA FAMILLE D'HUART ET L'ESSOR DE LA FAÏENCERIE LONGOVICIENNE
(1835 - 1872)
3. DE LA NAISSANCE DES EMAUX CLOISONNES A LA PERIODE ART-DECO
(1872 - 1940)
4. DE LA CRISE A LA RENAISSANCE
(1940 à nos jours)
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Le couvent des Carmes


La soupière de la Légion d'Honneur


L'Empereur Napoléon Ier


Jean-Antoine de Nothomb


Décor de Chrysanthèmes


Glaçures

1. LES DEBUTS DE LA FABRIQUE (1798 - 1835)

L'histoire des Emaux de Longwy est liée, pour sa première partie, au couvent des Carmes. En effet, celui-ci est vendu le 3 mars 1798 comme bien national par la Convention, peu après la révolution.

Le couvent est acheté, vraisemblablement par trois hommes : Nicolas Soldez, un messin, Charles Régnier et Pierre-Joseph Boch, propriétaire des faïenceries de Audun-Le-Tiche et des Sept-Fontaines. En effet sa situation géographique, proche d'une rivière et d'une vaste forêt était idéale pour un atelier de manufacture.

Les premières pièces datent vraisemblablement de 1801, à l'époque la production de la faïencerie est déclinée en deux qualités : une faïence dite d'usage à pâte rouge et une faïence fine, plus artistique, à pâte blanche et à glaçure transparente.

De ces pièces manufacturées, on ne connaît pas grand-chose car peu de pièces et d'archives ont survécu jusqu'à nous, mais une des plus belles pièces des faïenceries longoviciennes date de cette époque.

Il s'agit de La Soupière de La Légion d'Honneur, qui fait partie d'un service commandé en 1804 par Napoléon Ier pour la Maison des Loges, institution destinée à l'éducation de filles des membres de la Légion d'Honneur.

Mais en 1815, le siège de Longwy par les Prussiens met temporairement entre parenthèses la production des faïenceries de Longwy.

L'occupation de la ville terminée, la faïencerie passe sous la direction de Jean-Antoine de Nothomb, époux de la fille de Pierre-Joseph Boch. La marque de fabrique des pièces manufacturées de Longwy devient alors NOTHOMB-BOCH.

La politique de création est dès lors très différente, la faïence à pâte rouge est abandonnée et la qualité de la terre et de la glaçure deviennent la priorité. En 1928 est adoptée la technique d'émaillage blanc-fin, c'est à dire l'application d'une glaçure opaque blanche permettant la réalisation de petits décors avec un relief.

L'atelier de moulure prévaut sur l'atelier de peinture et d'ailleurs, la production utilitaire des faïenceries longoviciennes n'a pas encore de style décoratif particulier, mais emprunte ses motifs à d'autres faïenceries, comme les brindilles de Chantilly, le chrysanthème et les guirlandes de fleurettes.

Pourtant, la manufacture est couronnée par deux fois, en 1823 et 1828, par deux médailles lors de l'exposition des produits de l'industrie de Meurthe.

2. LA FAMILLE D'HUART ET L'ESSOR DE LA FAÏENCERIE LONGOVICIENNE (1835 - 1872)

En 1835, Henri-Joseph D'Huart prend la tête de la faïencerie de Longwy et de celle d'Autun-le-Tiche. Il restera comme l'homme qui a fait entrer la manufacture dans l'ère industrielle en révolutionnant les modes et techniques de fabrication.

Dès 1836, il met au point une nouvelle glaçure afin de rivaliser avec la faïencerie dure anglaise utilisée par des entreprises concurrentes, en 1838 il favorise l'utilisation du coke comme combustible pour la cuisson des pièces, permettant d'accroître encore la blancheur des biscuits, et en 1839 il fait breveter un four à faïence novateur dont il a lui-même amélioré la conception.

Soucieux d'assurer l'indépendance de la faïencerie, il fut même à l'origine d'un mode original de cuisson, dite au gaz perdu, en 1847. S'appuyant sur l' industrie sidérurgique naissante dans le bassin longovicien, il convertit le moulin de Senelle, qu'il possédait depuis 1842, en une usine destinée au traitement du minerai de fer et utilisa les gaz perdus par les hauts-fourneaux pour le chauffage des fours à cuisson. D'ailleurs, la mention "cuisson au gaz perdu de haut fourneau" figure sur certaines pièces de cette époque.

Sur la plan artistique, la faïencerie se tourne vers 1840 vers la technique des décors imprimés, importée d'Angleterre par J-F Boch dès 1823, produisant un ouvrage honnête sur les thèmes à la mode de l'époque (scènes militaires ou satyriques, représentation de l'expédition d'Orient) mais sans atteindre encore la variété et la précision des manufactures concurrentes.

Cette technique cohabite avec la gravure, mais c'est la technique dite de l'eau forte sur zinc qui prévaut. Celle-ci est plus facile et moins onéreuse. Mais ce que les décors gagnent en fraîcheur, ils le perdent en finesse, diminuant ainsi la qualité artistique de la production.

L'influence anglaise perdure encore au sein de la faïencerie longovicienne avec la présence du décorateur anglais G. Vernon entre 1850 et 1852, qui développa à Longwy des décors d'inspiration anglaise.

En 1866, les deux fils de Henri-Joseph, Ferdinand et Hippolyte d'Huart, frais émoulus de l'Ecole Centrale de Paris prennent la direction de la manufacture.

Jusqu'au début des années 1870, ils gèrent la manufacture sans s'affranchir réellement de l'influence paternelle. Ils mettent quand-même au point deux nouvelles sortes de pâtes, le granit et la pâte japonaise, afin de rivaliser avec la porcelaine, et abandonnent la décoration manuelle, remplacée par l'impression de motifs réalisés sur place, dont il existe plus de 200 modèles orientalisant, Renaissance, ou Néo-Classique, réalisés sous la direction de Charles Longuet, directeur de Longwy jusqu'en 1876.

La faïencerie élargit également son activité, s'intéressant désormais à la céramique de décoration et d'ornement.

Exemples de décors


Le bassin sidérurgique longovicien


Expédition d'orient


Ferdinand d'Huart


Hippolyte d'Huart


sceaux et estampes


3. DE LA NAISSANCE DES EMAUX CLOISONNES A LA PERIODE ART-DECO (1872 - 1940)

En 1872, les Faïenceries de Longwy intègrent une technique initiée dès 1860 par Eugène Collinot à Paris : la fabrication des Emaux cloisonnés, pour riposter aux importations de faïenceries extrême-orientales.

Cette technique, consistant à cerner les gouttes d'émail par de fins traits noirs afin de produire un relief saisissant la lumière et faisant ressortir les couleurs, passe du stade artisanal au stade industriel sous l'impulsion de Amedée de Caranza et devient une spécialité de Longwy.

Le décor "fleur de pommier" sur un fond bleu turquoise devient le symbole de la production longovicienne, mais il est erroné de réduire à ce seul exemple la création de la faïencerie. En effet, plus de 700 couleurs seront fabriquées et l'atelier est un véritable creuset, convergence des influences du Japon, de Chine, de Perse et de Turquie.

Un véritable engouement est suscité par ces nouvelles création, que de nombreuses récompenses viennent récompenser au cours des expositions universelles de Paris en 1878 et 1889.

Mais la production de Longwy ne se limite pas au émaux cloisonnés. La faïencerie fabrique ainsi des barbotines , oeuvres uniques, apparues dès 1878 sous l'influence des créateurs Carrière, Petit, Rudhart, Kilbert, des plaques en terre chamotée, des carreaux d'ornementation pour les cheminées et des majoliques, glaçures transparentes et colorées apparues en 1880.

L'art nouveau ne s'est que peu exprimé à Longwy, uniquement au travers des vases de Croisy et des panneaux muraux de Schuller, contrairement à l'art déco, comme nous allons le voir.

Au tournant du siècle, la faïencerie devient une société anonyme, pour faire face à la conjoncture difficile dans le secteur. L'accent est mis sur la productivité, et les faïences de luxe sont délaissées, au profit des faïences de table et des émaux en relief.

La première guerre mondiale n'affectera que peu la production longovicienne et, en 1920 Fernand d'Huart prend la tête de la fabrique.

Pour s'assurer des débouchés commerciaux, la faïencerie passe des accords avec des grands magasins, Printemps, Bon Marché, Samaritaine et Galeries Lafayette, pour lesquels elle développe des séries spéciales.

Pour suivre l'évolution des goûts et de la mode, la fabrique longovicienne produit des pièces du style Art Déco, notamment des pièces de vaisselle, grâce à des artistes comme Lindley et Levy.

En 1931, l'atelier de création passe sous la direction de Maurice-Paul Chevallier et, la même année, la "boule jungle" est primée à l'Exposition Coloniale de Paris.

La crise des années 30 affectera durement la faïencerie : les commandes des grands magasins s'effondrent, et une partie du personnel est mis en chômage technique. En 1940, la production s'arrête à cause de la guerre.

Majolique


Panneaux de Schuller


Collection Primavera


Boule Jungle


Effectifs des ouvriers
au cours des années


4. DE LA CRISE A LA RENAISSANCE (1940 à nos jours)

Dès 1941, la fabrique reprend ses activités, mais dans la bâtiment jusqu'alors réservé à la direction, la production s'oriente alors presque exclusivement vers la faïencerie de luxe et les émaux cloisonnés.

Même si la fabrication peut reprendre dans les ateliers dès 1945, la fabrique à de graves problèmes financiers et l'avenir s'annonce sombre, surtout depuis l'arrivée de faïence d'importation, au coût de production nettement moins élevé.

Pour subsister, l'entreprise se tourne vers vers le produits de luxe, de tourisme et abandonne la vaisselle de table. De plus, et par deux fois, la faïencerie doit céder une partie de ses locaux et licencier une partie du personnel. C'est le cas en 1958, où "Lorraine-escaut" rachète une partie des ateliers et en 1968, lorsque la faïencerie déménage dans le château de la direction, vendant à "Usinor" ses bâtiments.

Malgré les problème rencontrés, l'art ne s'éloigne jamais de la faïencerie, comme en témoigne les différents décorateurs qui se succédèrent durant toute cette seconde partie de siècle. Parmi eux notons Maurice-Paul Chevallier, Paul Mignon, Louis Valenti, Helène et Jean Gabet. En 1961, Christian Leclercq entre dans la faïencerie sous l'égide de M.-P. Chevallier et deviendra meilleur ouvrier de France en 1972.

Mais la seconde partie des années 70 sera fatale à la Faïencerie de Longwy, qui s'éteint presque simultanément à la sidérurgie longovicienne. Le musée des Faïenceries de Longwy est vendu à la ville en 1975, l'entreprise dépose son bilan en 1976 et liquidée en 1977.

Mais l'originalité de Longwy vient du fait qu'après quelques années de léthargie, certains ont décidé de faire revrire la tradition des Emaux cloisonnés.

Ainsi, aujourd'hui, 5 faïenceries proposent, sur le bassin longovicien l'héritage de plus d'un siècle et demi de savoir faire.


Le site actuel de
la fabrique des
Émaux de Longwy


Sources : (pensez à visiter la page Au-delà pour plus de renseignements)
"200 ans d'histoires et de créations Faïences et Emaux de Longwy 1798-1998" édité par l'association patrimoine du pays de longwy
Brochure commerciale de présentation des Emaux de Longwy
Faïenceries et Emaux de Longwy - A. Dreyfus